Homélie du 3ème dim. De Pâques A


Kleopas et un autre disciple marchent vers Emmaüs.
« Les pèlerins d’Emmaüs » est un récit très connu, il n’est rapporté que dans l’Évangile selon Saint Luc. Beaucoup de choses se passent ce même jour. Les femmes viennent au tombeau pour apporter les aromates qu’elles ont préparés, elles voient la pierre qui est roulée hors du sépulcre entrent et ne trouvent pas le corps de Seigneur Jésus. « Pourquoi chercher le vivant parmi les morts ? » demandent deux hommes « en habit d’éclair ». Elles annoncent ce qu’elles ont vu et entendu aux onze apôtres et à tous les autres, mais eux ne les croient pas. Pourtant Pierre se lève, court au sépulcre et voit les linges, seuls, il revient chez lui étonné de ce qui est arrivé. Ici commence le récit des deux pèlerins d’Emmaüs. Les verbes grecs indiquent que tout en marchant la discussion devient plus vive : ils s’entretiennent (v.14a), ils discutent (v.15a), ils se « lancent des paroles » (v.17c). Quand Jésus, qu’ils ne reconnaissent pas, s’approche pour faire route avec eux, ils disent leur désappointement, ils espéraient qu’il délivre Israël. Ils rapportent néanmoins le récit des femmes et rajoutent que d’autres que Pierre ont été au sépulcre et ont bien trouvé les choses comme les femmes avaient dit. Et Jésus va interpréter l’Écriture et leur ouvrir l’intelligence qui implique le cœur, lieu où se rencontrent les sentiments et l’intellect. Jésus, le Nazarène, le crucifié, qui est ressuscité, est bien le Messie. Voilà le cœur du message chrétien. L’Histoire Sainte a un sens. Il est normal qu’il y ait de l’incrédulité, de l’étonnement. L’acte de foi est purifié par cela. Il ne s’agit pas d’une démonstration irréfutable mais d’un évènement, d’expériences validées par les Ecritures Saintes. Le temps du repas est essentiel. Ils sont au bout de leur marche, ils approchent d’Emmaüs. Ils offrent l’hospitalité à cet inconnu à qui ils n’ont jamais demandé son nom. Jésus s’attable près d’eux, prend le pain le bénit et le partage ou dit une autre traduction leur remet. Quand ils le reconnaissent à l’ensemble de ces gestes associés à l’interprétation de l’Ecriture, il disparaît à leurs sens. Ils se lèvent à l’instant et affrontent la nuit pour retourner à Jérusalem et annoncer à leur tour aux onze qu’ils ont rencontré le Seigneur, c’est-à-dire le maître de la vie. Les onze confirment, en effet, il s’est réveillé, il a été vu par Simon.
La densité de ce récit mêle l’acte de foi, la transmission de celle-ci par les femmes et les apôtres, les disciples, il montre l’Eglise naissante à qui est confiée la bénédiction, et le partage du pain, signe fort de la présence du Ressuscité. Une Eglise qui n’a plus peur d’affronter la nuit dans tous les sens du terme, et qui devient par là même « corps du Christ ». Une Eglise qui comme ces pèlerins d’Emmaüs est toujours en chemin et en débat , vers un village dont on s’interroge aujourd’hui encore sur sa localisation. Cela aussi est hautement symbolique.


Abbé Thierry Vander Poelen

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