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Le sort incertain du monastère de Mar Moussa


En Syrie, la communauté de Paolo Dall’Oglio vit toujours dans le monastère Mar Moussa où elle aide les chrétiens et les musulmans dans un esprit de solidarité. Le monastère Mar Moussa se situe à 90 km au nord de Damas. Au Kurdistan d’Irak, la même communauté est engagée dans un dialogue interreligieux avec les autorités musulmanes.
Les nouvelles du monastère Mar Moussa sont rares. Et celles du P. Paolo Dall’Oglio encore plus depuis sa disparition, le 29 juillet 2013, alors qu’il était allé rencontrer des membres de Daech pour négocier la libération de familles kurdes. 
Un vent d’espoir venu de Rome avait soufflé en juillet pour retomber aussitôt. Pourtant, il reste des, dit-on parmi les amis, « raisons d’espérer » de la communauté en Europe.
Mais que devient Mar Moussa (le monastère de saint Moïse l’Abyssin), que Paolo avait réhabilité? Et que devient, surtout, la communauté de rite syriaque catholique qu’il avait fondée et qui avait fait du dialogue des religions, dans le cadre de la tradition des moines hospitaliers, son
ambition ?
Poursuite de la mission du monastère
D’après nos informations, tous les non-Syriens de la communauté ont dû quitter la Syrie en 2012. Désormais, sœur Houda est responsable de la communauté, entourée du P. Djihad, de Sœur Deema, des F. Boutros, Youssef et Nabil.

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Malgré la guerre, leur mission demeure: la prière faite de contemplation et d’intercession pour tous, le travail manuel, et surtout l’hospitalité. Bien qu’il soit difficile de se déplacer en raison du conflit, 70 personnes venues de la ville de Nebek sont montées au monastère le 27 août pour la fête de Mar Moussa. Auparavant, un groupe de jeunes et d’enfants accompagnés de leurs professeurs est venu pour une visite culturelle. , « Ça reprend malgré les tensions dans le pays » explique un proche de la communauté.
Et, pourtant, la situation reste fragile du fait de la localisation géographique de Mar Moussa dans une zone sensible, à proximité d’un aéroport militaire et de l’autoroute vitale Damas-Homs, et à seulement 40 kilomètres d’Al-Qaryatayn, aux mains de Daech.

Les chrétiens d'Al-Qaryatayn ont fui

Avant l’enlèvement, en mai , du P. Jacques Mourad, supérieur du monastère de Mar Elian – reconstruit par Mar Moussa et détruit en août par Daech –, un millier de chrétiens environ (syriens-catholiques et orthodoxes) vivaient à Al-Qaryatayn.
Depuis, ils ont fui et ont été secourus, entre autres, par la communauté de Mar Moussa qui les aide à se reloger et à scolariser leurs enfants.

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Du fait de la guerre, l’engagement humanitaire est devenu la première mission du monastère. Le dialogue entre chrétiens et musulmans – dans lequel la communauté était extrêmement investie – marquant une pause, le « dialogue des actes et envers les chrétiens et les musulmans l’a remplacé. de la solidarité » En cela, le P. Jacques était devenu une référence dans toute la région, depuis qu’en 2013-2014 il avait hébergé 500 musulmans, dont une centaine d’enfants, dans le monastère Mar Elian et dans les villages autour. Puis, à leur retour chez eux, la communauté les avait aidés à reconstruire leurs maisons.

Un espoir pour les chrétiens au Kurdistan

Alors que la guerre continue d’étendre son ombre sur la Syrie, la situation de Mar Moussa reste difficile et précaire. Mais,plus à l’est, au Kurdistan irakien, le soleil semble se lever comme un espoir pour l’avenir des chrétiens de cette région. En effet, sous l’impulsion des autorités locales, les cadres et responsables religieux de l’Institut de formation des imams et professeurs de religion de Souleymanié ont pris l’initiative de contacter la communauté à Deir Maryam Al-Adhra (monastère de la Vierge Marie) pour établir des ponts entre les deux religions et contrer le discours de Daech.

Au Kurdistan irakien, de fragiles améliorations pour les chrétiens
Des rencontres ont lieu régulièrement. Les imams ont expliqué comment ils tentaient de déconstruire le message de Daech auprès de leurs étudiants et aussi des fidèles dans les prêches du vendredi. Certains de ces professeurs ont écrit des ouvrages en arabe et en kurde, où ils mettent en valeur les rapports entre islam et chrétienté.
Grâce à eux, les membres de la communauté à Deir Maryam ont pu rencontrer un Kurde de 90 ans, Karim Zand, qui avait traduit en kurde le Nouveau Testament, dans les années 1960-1970, aidé de Youssef Pari, un prêtre chaldéen. Il l’avait publié sur ses propres deniers.
Youssef Thomas, l’évêque de Kirkouk, l’a fait retraduire, ainsi que les Psaumes, en kurde moderne.


Une restauration commencée en 1984

Deir Mar Moussa Al Habachi, Le « monastère de saint Moïse l’Abyssin » en français, se dresse sur une falaise à environ  à 90 km au nord de Damas en Syrie. À 13 km de la ville de Nebek.
 Après avoir été longtemps désaffect le monastère a repris vie à la fin du XX  siècle grâce au P. Paolo Dall’Oglio qui en 1984, avait décidé de le restaurer.

Le monastère a obtenu en 2006 le prix euro-méditerranéen pour le dialogue entre les cultures, institué en 2005 par la Fondation Méditerranée et l’Anna Lindh Euro-Mediterranean Foundation for the Dialogue Between Cultures .La communauté de Mar Moussa comptait, avant la guerre de 2011 en Syrie, 8 moines et moniales et 2 novices.

Agnès Rotivel

http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Le-sort-incertain-du-monastere-de-Mar-Moussa-2015-10-05-1364673
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