Homélie du 4ème dim.Pâques A

Le bon berger donne sa vie pour ses brebis.

L’Évangile de ce dimanche, extrait du chapitre 10 de Saint Jean, prolonge et explicite sur un autre mode le récit qui précède : celui de la guérison de l’aveugle-né. Jésus n'est pas seulement un rabbi ou un thaumaturge, il est le Sauveur.
L’image présentée est celle du berger (image classique dans la bible), du pasteur. Cette auto-présentation
de Jésus comme berger d’Israël et « des autres brebis (les non-juifs, appelés aux-aussi à l’Élection divine, qui ne sont pas de cet enclos et qu’il doit aussi amener (au Père) », pourrait paraître naïve, dépassée, méprisante même : sommes-nous un troupeau ?
Si l'on s’en tient à lecture au premier degré ou superficielle, certes, ce récit paraît peu convaincant . Mais il y a un récit de guérison qui précède, une œuvre de salut de l’humain qui dépossédé de la vision du monde et de Dieu.
Jésus le Christ dit à cette occasion pourquoi il est né: « c’est pour un jugement que je suis venu en ce monde : que les non-voyants voient et les voyants deviennent aveugles» (Jn 9,39). Le rôle du bon berger s’oppose à quatre images citées dans cet Évangile : l’inconnu, l’étranger, le voleur et le mercenaire.
Le mercenaire qui est un fuyard face au danger, à la persécution, représente des mauvais « bergers » d'Israël, scribes ou pharisiens, compromis contre leur gré, avec le pouvoir romain. « Fuir devant le loup », est une autre manière de parler de leur attitude face « aux fils de la louve » (représentant symboliquement Rome et son armée d'occupation). L'image du bon berger dit qui est le Christ et, par opposition, ce qu’il n’est pas.
Il interroge l’auditeur de l’Évangile pour qu’il se détermine ici et maintenant. L’image naïve et négative du troupeau est dépassée par les promesses de vie en abondance, de salut et de liberté ; les brebis entrent et sortent de l'enclos comme bon leur semble.
Le récit montre également l’unité du genre humain en Christ et l’unité de Celui-ci avec le Père, ce que l’on appelle le rapport d’agapè qui qualifie l’unité : «Pour cela le père m’aime : c’est que je donne ma vie pour la prendre de nouveau. Personne ne me l’enlève, mais moi, je la donne de moi-même. J’ai pouvoir de la donner et pouvoir de la prendre de nouveau : tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père » (Jn 10,17-18).
On est bien loin d'un récit bucolique ou enfantin, d'images d’Épinal, du Christ à l'eau de rose. Il traite de l'unité de l'humanité, de la fraternité humaine, de l'amour oblatif qui réunit les humains entre eux et avec le Père grâce uniquement au Christ, l'unique médiateur.
Ce qui valide son message ? Le fait qu'il donne, pose sa vie dans toutes ses dimensions passant par la souffrance et la mort qui sont vaincues. Tel est le bon, le beau berger non plus simplement d'Israël mais de tout homme venant en ce monde.
                                                                     Abbé Thierry Vander Poelen

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