Homélie du 5ème dimanche de Pâques A


Nos oeuvres ne sont pas absurdes.

Quand Dieu crée il parle et met de l’ordre dans le chaos (tohu-bohu), quand Jésus parle il promet le contraire du chaos : il est le chemin qui mène à la maison du Père.
Thomas et Philippe l’appellent d’ailleurs « Seigneur », maître de la vie. Chaque fois que Thomas intervient dans l’Evangile selon Saint Jean il permet à Jésus de se révéler. Il est à noter que leurs interventions suivent une affirmation claire de Jésus. Leurs prises de parole montrent combien Dieu est patient avec l’homme, le père De Lubac parlait de la pédagogie divine. Quiconque a enseigné sait cela. Je veux parler des enseignants qui sont également de bons pédagogues, cela n’est pas donné à tous. Ce dont Jésus parle ne consiste pas en démonstrations logiques et évidentes. Il s’agit d’accueillir une promesse et une destinée : « je vais vous préparer un lieu dans la maison de mon Père où il y a beaucoup de demeures ».
La foi sans les oeuvres est morte disait Saint Jacques, Jésus fait les oeuvres de Dieu, il est l’Envoyé (ce terme revient souvent dans l’Evangile) : « Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des oeuvres ». Cela renvoie dos-à-dos les incroyants et les croyants d’autres religions ; Jésus accomplit ce qu’aucun philosophe, aucun prophète n’a jamais fait, les oeuvres de Dieu.
Dieu n’est plus un concept, un postulat, un sujet du café du commerce, il est et il oeuvre immédiatement et parfaitement pour le salut de l’humanité.
Et une autre révélation de cet Evangile, c’est que l’homme n’est pas un roseau pensant ou un vermisseau postulant la miséricorde de Dieu mais il est appelé à accomplir des oeuvres encore plus grandes. Le Seigneur invite l’homme à rendre compte de l’espérance qui est en lui, à oeuvrer à son tour les oeuvres de Dieu. Si ce n’est pas clairement défini c’est précisément qu’il y a « plusieurs demeures dans la maison du Père », il y a beaucoup de vocations, différentes mais concordantes. Il y a des espaces de liberté et d’espérance. Un dynamisme créateur qui invite l’homme à devenir à son tour créateur plutôt qu’indifférent et passif. Il faut renoncer à donner une interprétation ultime à certaines phrases que nous livre le Seigneur, il s’agit de se laisser guider par son Esprit qui nous surprend. Œuvrer sur le chemin de la vie. « Pour moi vivre, c’est le Christ » dira Saint Paul, humblement.
Les chrétiens reçoivent une mission essentielle, celle d’annoncer que la vie n’est pas absurde si l’on se fie à celui dont Pierre disait : « Partout où il passait il faisait le bien ». Sachant que ce qui précède cet Evangile, c’est l’annonce par Jésus à Pierre de son triple reniement. Comme quoi, en Dieu, rien ni personne n’est jamais totalement perdu et nos vies prennent sens.
Abbé Thierry Vander Poelen

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