Homélie du 10 Aout 2014 : La violence apaisée

Evangile selon Saint Matthieu 14,22-33


Le philosophe, marin et académicien Michel Serres disait dans une interview accordée à la chaîne catholique KTO (visible sur internet, sur youtube) qu'il y avait trois lieux périlleux pour l'homme, un vertical et deux horizontaux: la montagne, la mer et le désert. Or Jésus, nous fait passer, dans les récents évangiles entendus ces dimanches, par ces lieux. Périlleux, certes mais aussi révélateurs: Dieu s'y manifeste avec plus d'acuité

Le récit de Jésus marchant sur la mer vers la barque dans laquelle il a obligé les apôtres à prendre place est une épiphanie. La barque est battue par les flots « à la quatrième veille de la nuit» c'est-à-dire entre 3 heures et 6 heures du matin. Tous ceux qui ont été de quart, à ces heures la, savent combien on est épuisé, attendant la lumière du jour et la fin de la nuit; a fortiori si l'embarcation est ballottée par le tangage et le roulis. C'est à la pointe du jour que Jésus vient vers eux, lumière tant espérée. Perçu comme un fantôme par les apôtres(« phantasma ») et se définissant lui-même par le« je suis» divin, et invitant à la confiance.

Croire c'est participer à l'Etre même de Dieu, du Christ. Il leur avait confié le ministère de distribuer le pain lors du récit de la multiplication des pains, il les associe ici au combat contre les forces déchaînées du mal. La violence du vent sera peu de chose comparée à la violence humaine à venir. Pierre demande à Jésus de lui ordonner de venir vers lui: il y a un impératif; « venir vers toi sur les eaux ». A cause du vent, il doute ou comme dit une autre traduction « il a hésité ». L'hésitation portait sur la capacité du Christ de le sauver et sur sa dignité a être sauvé. Le « venir vers toi» indique aussi la progressivité de la foi des disciples qui n'est pas encore mûre, ils sont, comme dit le texte grec, des « minicroyants ». L'Evangile continue en nous parlant de ceux qui ont suivi par la terre ferme, ceux qui vont mal et qui touche le pan de son vêtement. Ici, il ne s'agit plus de guérir mais de sauver.
Le salut en Christ apaise la violence qui abime l'homme. En cela Jésus n'est plus d'abord un thaumaturge, un « guérisseur », mais le Sauveur.

Abbé Thierry Vander Poelen

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