Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe pour les victimes de Saint-Étienne du Rouvray Mercredi 27 juillet 2016 – Cathédrale Notre-Dame de Paris (en présence de François Hollande)

"On invoque souvent les valeurs, comme une sorte de talisman. Mais on est moins prolixe sur le contenu de ces valeurs" 

Mesdames et Messieurs, Frères et Sœurs, 
1. Seigneur, nous as-tu abandonnés ? 
« Serais-tu pour moi un mirage, comme une eau incertaine ? »En ce moment terrible que nous vivons, comment ne ferions-nous pas nôtre ce cri vers Dieu du prophète Jérémie au milieu des attaques dont il était l’objet ? Comment ne pas nous tourner vers Dieu et comment ne pas Lui demander des comptes ? Ce n’est pas manquer à la foi que de crier vers Dieu. C’est, au contraire, continuer de lui parler et de l’invoquer au moment même où les événements semblent remettre en cause sa puissance et son amour. C’est continuer d’affirmer notre foi en Lui, notre confiance dans le visage d’amour et de miséricorde qu’il a manifesté en son Fils Jésus-Christ. 
Ceux qui se drapent dans les atours de la religion pour masquer leur projet mortifère, ceux qui veulent nous annoncer un Dieu de la mort, un moloch qui se réjouirait de la mort de l’homme et qui promettrait le paradis à ceux qui tuent en l’invoquant, ceux-là ne peuvent pas espérer que l’humanité cède à leur mirage. L’espérance inscrite par Dieu au cœur de l’homme a un nom, elle se nomme la vie. L’espérance a un visage, le visage du Christ livrant sa vie en sacrifice pour que les hommes aient la vie en abondance. L’espérance a un projet, le projet de rassembler l’humanité en un seul peuple, non par l’extermination mais par la conviction et l’appel à la liberté. C’est cette espérance au cœur de l’épreuve qui barre à jamais pour nous le chemin du désespoir, de la vengeance et de la mort. 
C’est cette espérance qui animait le ministère du P. Jacques Hamel quand il célébrait l’Eucharistie au cours de laquelle il a été sauvagement exécuté. C’est cette espérance qui soutient les chrétiens d’Orient quand ils doivent fuir devant la persécution et qu’ils choisissent de tout quitter plutôt que de renoncer à leur foi. C’est cette espérance qui habite le cœur des centaines de milliers de jeunes rassemblés autour du Pape François à Cracovie. C’est cette espérance qui nous permet de ne pas succomber à la haine quand nous sommes pris dans la tourmente. 
Cette conviction que l’existence humaine n’est pas un simple aléa de l’évolution voué à la destruction inéluctable et à la mort habite le cœur des hommes quelles que soient leurs croyances et leurs religions. C’est cette conviction qui a été blessée sauvagement à Saint-Étienne du Rouvray et c’est grâce à cette conviction que nous pouvons résister à la tentation du nihilisme et au goût de la mort. C’est grâce à cette conviction que nous refusons d’entrer dans le délire du complotisme et de laisser gangréner notre société par le virus du soupçon. 
On ne construit pas l’union de l’humanité en chassant les boucs-émissaires. On ne contribue pas à la cohésion de la société et à la vitalité du lien social en développant un univers virtuel de polémiques et de violences verbales. Insensiblement, mais réellement cette violence virtuelle finit toujours par devenir une haine réelle et par promouvoir la destruction comme moyen de progrès. Le combat des mots finit trop souvent par la banalisation de l’agression comme mode de relation. Une société de confiance ne peut progresser que par le dialogue dans lequel les divergences s’écoutent et se respectent. 
2. La peur de tout perdre 
La crise que traverse actuellement notre société nous confronte inexorablement à une évaluation renouvelée de ce que nous considérons comme les biens les plus précieux pour nous. On invoque souvent les valeurs, comme une sorte de talisman pour lequel nous devrions résister coûte que coûte. Mais on est moins prolixe sur le contenu de ces valeurs, et c’est bien dommage. Pour une bonne part, la défiance à l’égard de notre société, – et sa dégradation en haine et en violence – s’alimente du soupçon selon lequel les valeurs dont nous nous réclamons sont très discutables et peuvent être discutées. Pour reprendre les termes de l’évangile que nous venons d’entendre : quel trésor est caché dans le champ de notre histoire humaine, quelle perle de grande valeur nous a été léguée ? Pour quelles valeurs sommes-nous prêts à vendre tout ce que nous possédons pour les acquérir ou les garder ? Peut-être, finalement, nos agresseurs nous rendent-ils attentifs à identifier l’objet de notre résistance ? 
Quand une société est démunie d’un projet collectif, à la fois digne de mobiliser les énergies communes et capable de motiver des renoncements particuliers pour servir une cause et arracher chacun à ses intérêts propres, elle se réduit à un consortium d’intérêts dans lequel chaque faction vient faire prévaloir ses appétits et ses ambitions. Alors, malheur à ceux qui sont sans pouvoir, sans coterie, sans moyens de pression ! Faute de moyens de nuire, ils n’ont rien à gagner car ils ne peuvent jamais faire entendre leur misère. L’avidité et la peur se joignent pour défendre et accroître les privilèges et les sécurités, à quelque prix que ce soit. 
Est-il bien nécessaire aujourd’hui d’évoquer la liste de nos peurs collectives ? Si nous ne pouvons pas nous en affranchir, en nommer quelques-unes nous donne du moins quelque lucidité sur le temps que nous vivons. Jamais sans doute au cours de l’histoire de l’humanité, nous n’avons connu globalement plus de prospérité, plus de commodités de vie, plus de sécurité, qu’aujourd’hui en France. Les plus anciens n’ont pas besoin de remonter loin en arrière pour évoquer le souvenir des misères de la vie, une génération suffit. Tant de biens produits et partagés, même si le partage n’est pas équitable, tant de facilités à vivre ne nous empêchent pas d’être rongés par l’angoisse. Est-ce parce que nous avons beaucoup à perdre que nous avons tant de peurs ? 
L’atome, la couche d’ozone, le réchauffement climatique, les aliments pollués, le cancer, le sida, l’incertitude sur les retraites à venir, l’accompagnement de nos anciens dans leurs dernières années, l’économie soumise aux jeux financiers, le risque du chômage, l’instabilité des familles, l’angoisse du bébé non-conforme, ou l’angoisse de l’enfant à naître tout court, l’anxiété de ne pas réussir à intégrer notre jeunesse, l’extension de l’usage des drogues, la montée de la violence sociale qui détruit, brûle, saccage et violente, les meurtriers aveugles de la conduite automobile... Je m’arrête car vous pouvez très bien compléter cet inventaire en y ajoutant vos peurs particulières. Comment des hommes et des femmes normalement constitués pourraient-ils résister sans faiblir à ce matraquage ? Matraquage de la réalité dont les faits divers nous donnent chaque jour notre dose. Matraquage médiatique qui relaie la réalité par de véritables campagnes à côté desquelles les peurs de l’enfer des prédicateurs des siècles passés font figure de contes pour enfants très anodins. 
Comment s’étonner que notre temps ait vu se développer le syndrome de l’abri ? L’abri antiatomique pour les plus fortunés, abri de sa haie de thuyas pour le moins riche, abri de ses verrous, de ses assurances, appel à la sécurité publique à tout prix, chasse aux responsables des moindres dysfonctionnements, bref nous mettons en place tous les moyens de fermeture. Nous sommes persuadés que là où les villes fortifiées et les châteaux-forts ont échoué, nous réussirons. Nous empêcherons la convoitise et les vols, nous empêcherons les pauvres de prendre nos biens, nous empêcherons les peuples de la terre de venir chez nous. Protection des murs, protection des frontières, protection du silence. Surtout ne pas énerver les autres, ne pas déclencher de conflits, de l’agressivité, voire des violences, par des propos inconsidérés ou simplement l’expression d’une opinion qui ne suit pas l’image que l’on veut nous donner de la pensée unique. 
Silence des parents devant leurs enfants et panne de la transmission des valeurs communes. Silence des élites devant les déviances des mœurs et légalisation des déviances. Silence des votes par l’abstention. Silence au travail, silence à la maison, silence dans la cité ! A quoi bon parler ? Les peurs multiples construisent la peur collective, et la peur enferme. Elle pousse à se cacher et à cacher. 
C’est sur cette inquiétude latente que l’horreur des attentats aveugles vient ajouter ses menaces. Où trouverons-nous la force de faire face aux périls si nous ne pouvons pas nous appuyer sur l’espérance ? Et, pour nous qui croyons au Dieu de Jésus-Christ, l’espérance c’est la confiance en la parole de Dieu telle que le prophète l’a reçue et transmise : « Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer. Je te délivrerai de la main des méchants, je t’affranchirai de la poigne des puissants.  
« Mon rempart, c’est Dieu, le Dieu de mon amour. »

Invitation aux équipes porteuses de la pastorale du mariage, des couples et familles, du baptême ou de la catéchèse d’initiation pour les enfants et ados.



Invitation aux équipes porteuses de la pastorale du mariage, des couples et familles, du baptême ou de la catéchèse d’initiation pour les enfants et ados.

Suite aux synodes et à la publication de l’Exhortation apostolique Amoris Laetitia, il nous semble qu’il y a une opportunité pour se (re)donner un horizon et des projets dans la pastorale des « couples et familles ».

C’est pourquoi nous vous invitons à une rencontre

le samedi 18 juin de 10 h à 12 h au centre pastoral 14 rue de la linière
autour de Mgr Jean Kockerols pour un moment de réflexion et de partage.

Dans le souffle de l’Exhortation, comment faire connaître l’enseignement de l’Eglise sur les couples et familles?
Quels projets ou propositions pastorales pourrions-nous mettre en œuvre, en vicariat, en doyenné ou en Unité pastorale pour que la réalité familiale, dans sa diversité, soit amorce de progression dans la compréhension de l’Evangile. Dans la grâce de l’Esprit.
« Tous, nous sommes appelés à maintenir vive la tension vers un au-delà de nous-mêmes et de nos limites, et chaque famille doit maintenir une tension constante. Cheminons, familles, continuons à marcher ! Ce qui nous est promis est toujours plus ? Ne désespérons pas à cause de nos limites, mais en renonçons pas non plus à chercher la plénitude d’amour et de communions qui nous a été promise. » N° 325

Pistes possibles d’échanges :
1.     Préparation au mariage.
2.     Comment faire un accompagnement des jeunes couples ? Et des autres couples ?
3.     Comment stimuler les familles à être des lieux de croissance et de transmission de la foi ?
4.     Dans le cadre des catéchèses-adultes (maturation dans la foi, catéchèses familiales ou intergénérationnelles, accompagnement des parents…), comment vivre et agir en chrétien dans sa vie affective et familiale ?
5.     Favoriser des lieux d’accompagnements (accompagnateurs, structures d’accueil…) pour les personnes en difficultés, en situations « irrégulières » ou qui souhaitent faire un discernement spirituel dans leur vie ?
6.     Communication du texte, de son esprit, de l’enseignement de l’Eglise sur la famille…

Bien à vous,

Pour le service Annonce et célébration.

Abbé Benoît Hauzeur






La dignité humaine en péril dans les prisons



L’aumônerie catholique est indignée devant ce qui se passe dans les prisons.  Les conditions de vie actuelles des détenus, déjà en surnombre, deviennent inhumaines et révoltantes. Elles ne laissent personne indifférent et nous y sommes particulièrement sensibles en cette année sainte de la miséricorde.
La diminution du personnel des prisons, telle que la prévoit le gouvernement met à mal les conditions de travail des agents.  Les droits des détenus ne sont pas respectés : pouvoir être nourris correctement, se rendre au préau, rencontrer leur avocat et leur famille, avoir accès aux soins hygiéniques et médicaux élémentaires, à l’assistance morale et spirituelle et participer aux activités inscrites dans la loi.  Le soin des personnes détenues sur ordre de la justice est basé sur ces droits et doit toujours primer dans les prisons.  Nous assistons en ce moment, dans nos prisons, à des actes de violation des droits de l’homme.  La loi de Principes votée par le Parlement en 2005 devrait servir de référence en vue d’un service garanti à tout moment à chaque personne vivant en prison.
Le traitement humain des détenus est finalement une affaire qui concerne toute la société. C’est la condition première favorisant le processus de réinsertion. 
Les actions menées actuellement sont les conséquences logiques d’une politique de désinvestissement depuis des décennies dans les centres pénitentiaires.  Cette politique n’est pas sans conséquences pour le personnel, pour les bâtiments, mais aussi pour les détenus eux-mêmes. Des mesures pénales alternatives doivent être sérieusement accentuées en s’inspirant du modèle d’autres pays.
L’aumônerie catholique demande aux différentes autorités  belges de garantir des conditions de détention digne et en même temps à continuer à œuvrer à une amélioration indispensable du régime pénitentiaire et en particulier de garantir l’exercice de l’assistance morale et religieuse dans les prisons.

                                                                                                                      mai 2016.
Fernand STREBER aumônier catholique, chef de service pour les prisons francophones.
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