Homélie 14ème
dim.A
La Sagesse a
été justifiée par ses œuvres.
Evangile selon St Matthieu 11,25-30.
Pour beaucoup de catholiques, le fait
d’être baptisés, d’avoir communié, et d’avoir reçu l’Esprit-Saint par le sacrement de la confirmation leur
fait dire : « nous avons tout reçu ». Il faut admettre que c’est
déjà positif de dire cela plutôt que : « on a tout subi »…
D’ailleurs parler de « recevoir » ou de « réception » en
matière religieuse ne signifie pas seulement que ces sacrements ont été
conférés mais qu’on en a compris suffisamment pour en vivre et en témoigner.
Pratiquer sa religion, c’est œuvrer dans l’esprit du Christ et participer à la
vie communautaire de l’Eglise universelle là où l’on vit, sinon on n’est qu’un
« demi » pratiquant. Et souvent, cette pratique est uniquement
centrée sur soi. Une sorte d’atomisation du chrétien. Or croire, vivre sa foi,
implique une altérité, une action commune caritative ou de prière. En outre,
l’idée d’avoir tout reçu implique que
l’on attend plus rien de neuf, d’initiateur, de salvateur. Croire n’est
pas une construction d’une image de Dieu, utile en cas de nécessité, quand tous
les autres recours humains sont épuisés. Il s’agit là du Dieu
« béquille », du Dieu que l’on convoque plus que l’on l’invoque, dont
on attend une réponse conforme à nos attentes dans les délais que nous lui
prescrivons. Ce Dieu la est décevant dans la plupart des cas.
L’Evangile d’aujourd’hui nous montre une
louange du Père par Jésus pour sa révélation aux tout-petits de « choses »cachées aux sages et
aux savants, et cela non par caprice mais par amour : « oui Père, tel
est le choix de ton amour ». A
ceux qui peinent est promis d’être déchargés de leurs fardeaux pourvu, et cela
paraît étrange voire paradoxal, qu’ils prennent sur eux le joug du Christ. Le
« petit » n’est pas l’objet de la miséricorde distante de Dieu mais
rendus participants à l’œuvre de salut de celui qui se définit comme
« doux et humble de cœur ». Car il se dépouillera de toute forme de
pouvoir en acceptant d’être suspendu au bois de la croix, identifié aux petits.
Le joug est bienfaisant, oui mais pour qui ? Un joug ne semble jamais
pouvoir être qualifié de bienfaisant. Eh bien si. Lorsque nous prenons part ensemble à la construction d’un monde
plus juste et plus fraternel. Et cela il me semble que c’est inenvisageable si
l’on s’enferme dans l’individualisme du « j’ai tout reçu, maintenant
basta ».
L’amour n’est pas d’abord le but de
l’existence humaine, il en est le point de départ. Seul celui à qui est révélé
qu’il est aimé d’emblée, dès le commencement peut concevoir la gratuité et la
plénitude de celui-ci. L’amour de Dieu n’est pas une contrainte mais une révélation
qui prend corps dans le Christ Jésus. Les bonnes œuvres ne sont pas les
conditions de l’amour de Dieu pour nous, mais elles sont le fruit de notre foi
active et vivante qui ne se contente pas d’une autosatisfaction à bon compte.
Abbé Thierry Vander Poelen
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